Centre-Ville - Un immeuble exploité illégalement en 7 hébergements touristiques : la Ville de Bruxelles pose des scellés

La Ville de Bruxelles agit avec fermeté contre la spéculation immobilière et la marchandisation illégale du logement. Ce 15 mai à 14h, notre équipe spéciale de la Cellule Contrôle de l’Urbanisme a posé des scellés sur un immeuble en plein centre-ville (quartier Saint-Géry) ayant transformé sans permis 7 unités (6 logements + 1 bureau) en hébergements touristiques. Une mesure forte, en cohérence avec la volonté de protéger le droit au logement pour toutes et tous.
Dans cet immeuble situé dans le quartier Saint-Géry, 6 logements et un bureau ont été illégalement exploités à des fins touristiques, via une plateforme de réservation en ligne. Derrière cette exploitation : une grande société, loin de la philosophie du logement chez l’habitant. Certaines possèdent des dizaines, voire des centaines de biens, retirés du marché locatif pour alimenter un tourisme commercial intensif. Ces espaces ont été aménagés pour des séjours de courte durée, avec la mise en place d’équipements typiques de l’hôtellerie : boîtiers à code, guides d’accueil, services intégrés.
Ces transformations nécessitent un permis d’urbanisme, car elles impliquent un changement d’affectation — du logement ou bureau vers une fonction hôtelière. Or, selon le PRAS (Plan Régional d’Affectation du Sol), la suppression de logements est strictement encadrée et généralement interdite, précisément pour préserver la fonction résidentielle en ville. Cette règle vise à empêcher que le parc de logements ne soit réduit au profit d’usages plus lucratifs, comme le tourisme, et à garantir l’accès au logement pour les habitant·es bruxellois·es.
« Ce type de détournement nuit gravement à l’équilibre de nos quartiers. Chaque logement transformé en hébergement touristique, c’est un espace de vie en moins pour un·e habitant·e ou une famille. Lorsqu’un immeuble entier est vidé de sa fonction résidentielle au profit d’une activité lucrative illégale, c’est une atteinte directe à l’intérêt général. D'autant plus que ces hébergements sont loués à plusieurs milliers d'euros par semaine, des montants hallucinants ! La Ville ne peut tolérer que des pans entiers du parc immobilier soient ainsi soustraits à la population locale. C’est pourquoi nous avons réagi par un acte fort et ferme : pour défendre une ville habitée, vivante, et accessible pour les Bruxellois·es. »
— Anaïs Maes, Échevine de l’Urbanisme à la Ville de Bruxelles
Un cadre clair pour endiguer la spéculation et protéger l’accès au logement pour les Bruxellois·es
Depuis plusieurs années, la Ville de Bruxelles tire la sonnette d’alarme face à la croissance incontrôlée des hébergements touristiques, notamment via les plateformes numériques. Ces pratiques engendrent de nombreuses conséquences négatives sur le tissu urbain et social :
- Une raréfaction des logements disponibles pour les Bruxellois·es, en particulier les publics précarisés.
- Une pression à la hausse sur les loyers, qui accentue les inégalités et rend l’accès au logement de plus en plus difficile.
- La dévitalisation de quartiers entiers, où les habitant·es permanents sont remplacés par une population de passage, souvent sans ancrage local.
- Des nuisances pour le voisinage, liées à une rotation constante de visiteurs : bruit excessif, incivilités, mauvaise gestion des déchets et des poubelles, perte du lien social dans les immeubles. Ces situations dégradent la qualité de vie des résident·es et fragilisent la cohésion entre voisin·es.
En réponse, la Ville a multiplié les contrôles, renforcé l’encadrement urbanistique et refusé les tentatives de régularisation a posteriori d’activités touristiques illégales. Depuis mai 2020, elle a remis 500 logements sur le marché locatif et continue sa poursuite des hébergements touristiques illégaux.
Une infraction urbanistique grave – une réponse ferme
Les faits sont clairs :
- L’exploitation touristique n’a fait l’objet d’aucun permis d’urbanisme.
- Une demande d’attestation pour une résidence de tourisme a été refusée en 2024.
- Des contrôles ont révélé la présence de touristes et des aménagements spécifiques.
- Le dossier est suivi par la cellule Contrôle depuis plus d'un an sans réaction significative de la part de l'exploitant.
En conséquence :
- Un ordre d’arrêt immédiat de l’activité a été envoyé.
- Des scellés ont été apposés le 15 mai 2025 à 14h.
- Le dossier est transmis à la justice pour poursuite.
Thi-Tiên Trân