La Ville de Bruxelles dédie deux nouvelles rues à des femmes : Bessie Coleman et Ingrid Daubechies

Leur nom ne vous dit peut-être rien… encore. Et pourtant, le parcours de ces deux femmes — singuliers, forts et inspirants — seront bientôt visibles dans l’espace public bruxellois. Lundi soir, le Conseil Communal a approuvé la décision de la Ville de Bruxelles ​ de nommer deux nouvelles rues en hommage à Bessie Coleman, première femme pilote afro-américaine et amérindienne, à Haren, et à Ingrid Daubechies, mathématicienne belge mondialement reconnue comme la « mère du JPEG », sur le futur site ZIR4 à Neder-Over-Hembeek. Un nouveau parc y verra également le jour et sera baptisé « parc des Croix » en référence aux axes et dénominations existants dans le quartier.

Bessie Coleman, pionnière de l’aviation

Dans ce quartier de Haren, à quelques centaines de mètres de la Flandre et de l’aéroport de Zaventem, plusieurs voiries évoquent déjà l’aviation, comme la rue de l’Aérodrome. L’ancienne rue de l’Aéronef sera quant à elle supprimée : la nouvelle voirie la prolonge et la remplace.

Chaque nouveau quartier, chaque nouvelle rue est ainsi l’occasion de choisir un nom en phase avec l’histoire, le contexte et l’identité du lieu. Rappelons qu’aujourd’hui encore, la toponymie bruxelloise reste profondément déséquilibrée : la grande majorité des rues portent des noms masculins, reflétant des siècles durant lesquels les femmes ont été largement invisibilisées dans l’espace public.

Anaïs Maes, Échevine de l’Urbanisme et de l’Espace public : ​ « Pour les hommes, l’inspiration vient presque naturellement tant leur histoire est documentée et reconnue. Pour les femmes, ce n’est pas aussi facile. Il faut rechercher, identifier, valoriser, des parcours pourtant tout aussi marquants. C’est au fil de cette recherche, en explorant l’histoire de l’aviation et ses figures féminines pionnières, que nous avons découvert le parcours exceptionnel de Bessie Coleman. Son histoire rappelle combien les femmes ont dû et doivent encore surmonter davantage d’obstacles pour accéder aux mêmes droits et opportunités que les hommes. »


Qui est Bessie Coleman ?

Bessie Coleman, Curtiss Field, L.I. 1922 (Cradle of Aviation Museum)

Bessie Coleman (1892-1926) fut la première femme pilote afro-américaine et amérindienne. Écartée des écoles de pilotage aux États-Unis en raison de sa couleur de peau et de son genre, elle part seule en France et y obtient en 1921 son brevet international de pilote. De retour aux États-Unis, elle devient aviatrice acrobatique et utilise sa notoriété pour dénoncer les discriminations qui empêchaient les femmes — et en particulier les femmes noires — d’accéder aux formations aéronautiques.

Elle refuse de se produire dans des meetings ségrégués et multiplie les conférences pour encourager les jeunes, notamment les filles, à envisager une carrière dans l’aviation. Elle projetait d’ouvrir une école de pilotage accessible aux Afro-Américains, femmes et hommes, avant sa mort accidentelle en plein vol suite à une défaillance mécanique.

Ingrid Daubechies, la « mère du JPEG »

Si Ingrid Daubechies n’avait pas existé, vos photos seraient sans doute lourdes ou impossibles à envoyer… et prendraient la moitié de la mémoire de votre téléphone. C’est grâce à ses recherches sur les ondelettes que le format JPEG a pu voir le jour, révolutionnant le traitement et la compression d'image dans le monde entier. Son travail influence donc largement notre quotidien et a eu des retombées significatives dans les domaines des technologies médicales et de communication.

Ingrid Daubechies - DR

Mathématicienne belge de renommée mondiale, Ingrid Daubechies a étudié la physique à la VUB où elle a obtenu son doctorat en 1980. Elle a ensuite mené l’essentiel de sa carrière aux États-Unis, d’abord à Princeton, puis à Duke University, où elle poursuit encore aujourd’hui ses recherches. Première femme à devenir Présidente de l’Union Mathématique Internationale (IMU) de 2011 à 2014, Ingrid Daubechies a contribué à transformer durablement les méthodes modernes d’analyse d’images et de signaux. Elle a également beaucoup œuvré pour la promotion des mathématiques auprès du grand public et pour encourager les jeunes, et particulièrement les femmes, à se lancer dans cette discipline.

Son nom a été choisi pour une des rues du futur quartier ZIR4, où sera également construite la nouvelle école Isala Van Diest, du nom de la première femme médecin belge. Donner à une rue le nom d’une scientifique vivante et reconnue offre aux jeunes — filles comme garçons — un modèle accessible et inspirant dans les domaines des mathématiques et des sciences.

Anaïs Maes : « La Ville de Bruxelles assume pleinement le choix d’honorer une femme de son vivant. Le critère traditionnel qui impose d’attendre le décès au moins 50 ans ​ pour nommer une rue est historiquement défavorable aux femmes : leur reconnaissance publique et institutionnelle est plus récente, et ce délai supplémentaire perpétue mécaniquement un déséquilibre déjà bien établi. Ingrid Daubechies a d’ores et déjà marqué profondément son domaine et notre quotidien ; il n’y a aucune raison d’attendre des décennies encore pour reconnaître son travail. »

Le parc des Croix

Sur le futur site ZIR4 à Neder-Over-Heembeek, la Ville de Bruxelles a également validé la dénomination d’un nouveau parc triangulaire, qui portera le nom de « parc des Croix ». Ce choix s’inscrit dans une logique de cohérence territoriale et symbolique : le site est situé à proximité de l’avenue des Croix de Feu et de l’avenue des Croix de Guerre, et à proximité également de l’école « À la croisée des chemins ». La référence aux « croix » évoque ainsi à la fois la géographie du lieu, ses axes de circulation et l’idée de rencontre, de passage et de lien entre les quartiers.

Thi-Tiên Trân

Porte Parole, Cabinet Anaïs Maes

 

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